Parfois, je trouvais étrange que les autres mondes se soient intéressés à nous, que je fus choisie pour devenir l’une des gardiennes de l’équilibre. Je devais donner une bien piètre image de moi-même et de Gran Pulse devant l’état de destruction avancée de nos terres. J’étais le dernier joker, l’ultime carte que pouvait jouer Bhunivelze avant que notre monde ne sombre définitivement dans les ténèbres du Chaos. Nous étions sur le fil du rasoir, mais nous disposions aussi d’atout et les derniers combattant de notre monde étaient déterminés à conserver sa flamme de vie aussi longtemps que possible, peut-être était-ce pour cela que les autres avaient choisi de nous faire confiance, envers et contre tout. Le temps nous était de toute façon terriblement compté et bientôt, nous serions fixé sur le sort final de notre planète, il me restait simplement a en écrire le dernier chapitre de la pointe de la Crimson Blade, ensuite, quel que soit le sort de Gran Pulse, si je survivais a cette épreuve finale, j’offrirais mes services aux autres, mais pour le moment, j’avais ma tâche de libératrice à accomplir et cette dernière m’interdisait d’aller régulièrement à la rencontre de mes pairs et de leurs fournir assistance. Aujourd’hui, j’allais accomplir l’une de ses tâches qui m’étaient dévolue, celle de la libération des âmes prisonnière du Chaos, que j’enfermais dans le symbole sur ma poitrine, qui avait pris exactement la place de mon ancienne marque de L’Cie.

Pour cela, il me fallait me rendre sur l’Arche afin de mener les âmes que j’avais sauvée vers un monde meilleur. Cette dernière était située juste en face du nouveau Cocoon, une merveille de technologie construite par Hope, l’un de mes anciens compagnons. Même si je ne lui dirais probablement jamais en face, je devais admettre que je ressentais une certaine fierté devant son évolution : le jeune homme n’avait pas baissé les bras, il avait continué à croire en toutes les convictions qui nous animaient alors que le destin nous avaient maudit et il était parvenu à libérer l’incroyable potentiel qu’il cachait en lui. Surdoué et génie de la science, il avait compensé la perte de ses pouvoirs magiques par la technologie et avait même appris à combattre les effets des paradoxes temporels avec des failles électromagnétiques… Bhunivelze, le nouveau Cocoon, était son œuvre magistrale, un monde construit par l’homme, prouvant que les Fal’Cies et même les dieux n’étaient pas les seuls capable de se prodige. Malheureusement, Caïus était venu tout gâcher pour des raisons encore obscur. Yeul était-elle sa réelle motivation ? Son désir de mort passait-il uniquement par la destruction du monde entier ? Non, je ne pouvais pas y croire, quelque chose me laissait penser qu’il y avait autre chose, mais quoi ?

Je pouvais admirer la sphère d’ici, encore intact, protéger par la création de Hope et la lumière de la divinité portant son nom. Des écrans de contrôle permettait au jeune homme de savoir à peu près tout ce qui se déroulait sur le monde, surveillant l’approche de l’apocalypse et réfléchissait aux divers moyens de la contrer. Lui au moins n’avait pas recherché à me détruire au nom d’une prophétie stupide. Les lecteurs d’Oracles n’étaient pas honnête, Etro était morte, son pouvoir ne pouvait plus guider les pouvoirs de la prophétesse qui désormais n’était plus. Il n’y avait donc plus de raison qu’il y a de nouvelle prophétie, à moins que quelqu’un ne recherche volontairement à placer mes anciens soutiens contre moi. Cela me semblait plus probable, mais la liste des candidats potentiels était limitée. Je me devais de me montrer prudente toutefois, peut-être qu’une calamité d’un autre monde avait choisi d’interférer. J’irais dans ce cas la combattre, comme tous ceux qui se dresseraient sur mon chemin. Fort heureusement, la silhouette masculine penchée sur ses écrans de contrôle ne m’était pas hostile, bien au contraire, je pouvais ainsi me détendre, mes armes ne me servirait pas.

« Monsieur Estheim ? »

Il s’agissait autant d’une petite blague gentille que d’une manière de montrer que j’étais fière de lui. Mais je ne tenais pas à ce qu’ils se prennent trop au sérieux et je savais qu’il réagirait de manière contrariée face à la manière dont je le nommais, nous avions largement dépassée le stade de la distance, après tout ce que nous avions traversé ensemble des pics infâmes jusqu’à Palumpolum. Il m’avait suivi dans une quête de vengeance stupide, j’ai essayé de lui apprendre à ce tempérer et à contrôler ses émotions pour agir de manière logique, mais au final, il m’a ouvert les yeux sur la futilité de notre objectif ainsi que la nécessité de le protéger. Je voulais prendre un autre tournant, j’ai fini par écouter ce que mon cœur me criait plutôt que de me contenter de suivre bêtement le chemin de la raison et mine de rien, c’était à lui que je le devais. En échange, je m’étais battue pour qu’il prenne confiance en lui et réalise le pouvoir immense enfermée dans son âme, et aujourd’hui, face à sa plus belle création, je savais que j’avais réussie. M’avançant doucement vers lui, je lui demandais d’une voix claire.

« Des nouvelles ? »

Etant donné qu’il observait tout en permanence et qu’il agissait quelque peu comme mon superviseur, Hope disposait toujours d’information intéressante à me confier concernant ma mission et mes anciens camarades. C’est grâce à lui notamment que j’avais retrouvée Fang et qu’enfin, j’avais retrouvé un peu de soutien après d’une de mes anciennes alliés. Des retrouvailles émouvantes, la dernière fois que je l’avais vue, elle s’était sacrifiée afin de devenir un cristal et empêcher le crash de l’ancien Cocoon, devenant le témoin immortel de l’évolution de la race humaine. Je croisais les bras en attendant une réponse, mon regard n’exprimant aucune émotion, mais il me connaissait assez pour savoir que je ne lui étais pas hostile…

Ce n’était pas si difficile pour moi de parvenir à le tromper, après tout, je le connaissais peut-être mieux que n’importe qui, hormis sa défunte mère Nora. Mais en le prenant sous mon aile, j’assumais l’avoir changé, forger en partie, ce qui expliquait pourquoi je pouvais prévoir certaine de ses réactions, ce qui m’amusait parfois assez, je devais bien l’admettre, même si mon regard, lui, ne trahissait rien, comme à l’accoutumée. Notre temps était malheureusement compté, nous n’avions plus beaucoup d’heures pour atteindre notre objectif et sauver l’âme des morts perdue dans le Chaos et je n’avais guère beaucoup de temps pour le taquiner un peu. Il fallait que je le fasse, nous avions tout deux perdu une partie de notre humanité durant ses cinq siècles de vie et nous nous devions de préserver le peu qu’il nous restait encore, mais il m’était également essentiel de remplir ma mission, ce qui signifiait que je devais sans cesse jongler afin d’atteindre le bon équilibre. Pour le moment, il était nécessaire de rester sur nos gardes et de nous concentrer sur notre objectif. Lorsque tout sera fini, nous aurons alors l’opportunité de vivre notre vie normalement, mais pour le moment, nous nous devions de faire notre devoir pour sauver l’âme des morts et l’humanité, à défaut de pouvoir encore sauver Gran Pulse.

En tout cas, il y avait bien des nouvelles : Hope attira mon attention sur un point particulier des ruines de notre monde : la cité de Luxerion, la ville de lumière ou baignait la bénédiction de Bhunivelze, le dieu créateur qui disposait désormais de fidèle. Nous étions faibles, nous avions toujours besoin de suivre le chemin des divinités pour pouvoir savoir où aller. Moi-même je ne faisais que cela, j’avais accepté le rôle de Libératrice juste parce que j’avais reçu la promesse de revoir Serah, mais le dieu tiendrait-il sa promesse ? Je ne pouvais savoir, mais le fait que Hope est accepté ce destin comme moi me rassurait, je n’étais pas totalement aveuglée par cette souffrance et ce manque qui hantait mon cœur, un jugement lucide sur la situation semblait prouver qu’il s’agissait de toute façon du meilleur choix possible, ce qui me rassurait en partie sur mes actes. Luxerion était un endroit tout à fait charmant, une ville construite dans un style néo-gothique, proche du Victorien, qui semblait avoir adopté le Damier comme symbole au vu de la manière dont celui-ci décorait les murs. Toutefois, cette dernière semblait avoir un problème et comme à l’accoutumée, je serais probablement celle qui devrait les résoudre.

En effet, même la cité de lumière connaissait sa part d’ombre, ceux qui rejetaient la parole divine. Il resta évasif, mais ses personnes en capuche blanche étaient peut-être les renégats. Quoi qu’il en soit, si la ville était animée par les tâches de la vie quotidienne la journée, cela n’était pas le cas la nuit ou Luxerion était calme, en proie aux attaques des monstres. Le service d’ordre devait y être bien plus faible que dans la cité de Snow. Je croisais les bras, réfléchissant aux divers moyens dont je disposais de me rendre utile. Il faudrait probablement mener une enquête pour en savoir un peu plus sur cette bande d’illuminé qui ne suivaient pas la religion de Bhunivelze, mais alors que je pensais devoir mettre fin aux raids nocturnes des monstres, Hope m’affirma soudain que le problème ne venait guère de là en réalité. Mais il semblait hésitant, le diagnostic n’était pas clair et il finit par expliquer que la ville avait des ennuis, craignant que le temps ait fini par la rattraper. Il y avait plusieurs hypothèses sur les problèmes de la cité, et alors que je regardais les différentes images, je les énonçais à voix haute, dans l’espoir que les énoncer clairement aiderait à les identifier.

« Il n’y a pas trente-six solutions. Soit nous faisons face à un problème local, venant de ses fameuses personnes qui ne suivent pas la voix, ou d’un effet du Chaos, soit de cette Lumina, soit encore d’une calamité de l’un de ses nouveaux mondes se jouant de notre faiblesse pour tenter de nous éliminer de l’équation. Quoi qu’il en soit, je suppose que cela signifie qu’il me faudra y faire un tour pour déterminer l’origine du problème. »

Je n’avais pas eue d’autre idée, même en parlant, mais les images ne semblaient pas montrer d’implication des autres mondes pour l’instant. Je fermais les yeux un instant, comme pour essayer de faire le tri entre les différentes idées, avant de finalement de me retourner vers Hope. Il avait changé, muri. Il avait désormais pleinement conscience de sa tâche et de sa responsabilité et nous étions un peu seules contre le reste du monde. Mais nous devions croire que nos anciens compagnons nous reconnaitraient et nous aideraient, sinon, cela reviendrait à admettre que Caïus avait déjà gagné, quelque chose que nous ne pouvions supporter, ni lui et encore moins moi. Si je revoyais Ballad… Je crois que ma première réaction serait de lui mettre une droite, puis je lui ferais payer son égoïsme, envers le monde qu’il avait détruit, envers les Yeul qu’il n’avait jamais compris, envers Serah qu’il avait sacrifié sur l’autel de sa folie… Mais il me fallait me concentrer sur ma tâche. J’avais inconsciemment serré le poing rien qu’à penser à cet ordure et je soufflais afin de pouvoir retrouver mon calme, ce n’était pas le moment de se laisser dominer par la haine. Il fallait que je règle le problème de Luxerion, et pour cela, j’avais besoin de savoir par où commencer.

« Je ne peux pas partir pour cette ville sans informations. Tu aurais quelques pistes à me fournir ? Un endroit particulier ou commencer ? »